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Il était une fois, une hôtesse de caisse...
25 décembre 2010

Les chèques du dimanche.

Quel plaisir d'être en week end ! On ne bosse pas le week end, ça non. On va plutôt visiter les rayons du supermarché du coin, c'est très riche non pas pour la culture générale, mais en calorie. Ou pas, d'ailleurs. Mais c'est très riche.
La richesse, vous savez peut-être ce que c'est si vous avez le luxe de ne pas bosser le week end. Faire ses courses signifie passer à la caisse devant l'automate de caissière ! Sauf qu'aujourd'hui, elle doit vous sourire deux fois plus, car elle est payée double, normalement. Sauf si ça part pour les poches de l'État directement sans qu'elle soit au courant. Bref !

Les dimanches 5 et 19 décembre ont, vous l'aurez compris, ouvrés dans l'hypermarché où je travaille. Anecdotes pas si idiote que ça, plutôt révélatrices...

Vous savez, tous les bons qui sont émis à la fin de votre ticket, et qui vous secouent sous le nez la carotte de la réduction de 8€ pour 80€ d'achat ! 10% de réduction ! Les pourcentages de tête, vous suivez? Prenez une calculatrice sinon. Ah non, mâdâmêuh ! c'est réellement hon-teux de travailler le dimanche! Vous ne viendrez pas, n'est-ce pas?
Et qui voila donc? La dame anti dimanche ouvré qui vient faire ses courses. Ah oui, mais faire ses courses ne veut pas dire travaille, mais faire travailler. Donc tout va bien.

Dimanche 5 décembre.

Une cliente, avec ses enfants, arrive avec un grand écran de tv emballé dans un carton, dans son caddie, et d'autres articles sur le tapis. Règle pour les chèques: avec la carte du magasin, une pièce d'identité à partir de 50€, et à partir de 150€ deux ainsi qu'une signature d'une cheffe. Les pièces d'identité doivent correspondre au chèque. Sans la carte du magasin: une pièce à partir de 20€, pareil pour 150€.

Le montant total des courses avec l'écran s'élève à plus de 600€. Deux pièces, carte du magasin. C'est ok pour moi. Je mets le chèque dans la machine, lecture, et : "blabla demandant de forcer ou abandonner". Allô cheffe?
Elle me demande les numéros sur le chèque, puis un instant après me dit ok. Pour forcer, il me faut un "superviseur", autrement dit un badge que je n'ai pas. Une cheffe vient et permet ainsi au chèque d'être encaissé. Elle en profite pour vérifier pour la signature à plus de 150€. Et là, ça coince.

La date de naissance du permis et d'environ 1920, soit pas du tout l'age correspondant à la personne présente. Bourde de ma part: les pièces correspondent au chèque, mais pas à la personne les présentant. Je vous vole votre sac, et c'est bon, je fais pour 2 000€ de course.
Le chèque est déjà rempli. La cheffe 1 qui a forcé le chèque demande à la caisse centrale que faire. La caisse centrale lui dit d'annuler. La cliente refuse: elle avait téléphoner pour savoir si elle pouvait venir avec le chéquier de sa tante! "On" lui avait dit oui, avec deux pièces de sa tante, et deux à elle. Elle nous répète l'explication une bonne dizaine de fois, afin de s'assurer qu'on ait compris - sait-on jamais ! La cheffe 1 hésite, et la cliente insiste pour voir la super cheffe.
La super cheffe descend de son bureau et vient voir. Après quelques discussions et vérifications dont je n'ai pas connaissance, elle me dit d'accepter de le chèque. Des regards échangés avec la cheffe 1 me disent que j'ai fait une sacré bourde.

J'accepte le chèque. Quelques minutes après, un vigile arrive avec un bout de papier et un numéro de plaque d'immatriculation noté dessus. Il me dit que c'est pour moi.
La journée se continue et se termine sans autre incident.

Le soir, la super cheffe veut me voir afin de faire un point, assez inutile car j'ai été capable de comprendre seule ma bourde, sur les chèques. En plein milieu du magasin, devant les clients et les collègues. Miraculeusement, j'ai réussi à ne pas flancher comme à mon habitude. Mais l'humiliation est assez cuisante.
Depuis, une seule morale résultant du message alors assimilé: je ne suis que caissière, et ne suis pas là pour jouer avec l'argent, encore moins pour penser. La ligne marquant "ingénieur" sur mon CV ici, a alors disparu: mon cerveau doit être formaté comme le veulentt mes supérieurs.
Des responsabilités? Aucune. S'il y a un problème, renvoyer sur les cheffes. S'il y a une réclamation, renvoyer sur les cheffes. S'il y a un problème, renvoyer sur les cheffes. Les clients ne sont pas contents? Qu'ils aillent se plaindre aux cheffes !
Après tout, je ne suis que caissière, et pas payée pour penser. Alors j'obéis, quitte à obéir bêtement.




Dimanche 19 décembre.

Et puis tenez, en voila une bien aimable. Elle n'a pas une mauvaise tête, elle sourit, elle dit bonjour... Incroyable. Seul hic: elle a mis ses articles en cinq comptes sur votre tapis.
Compte n°1: une machine à café (celles à la mode, à dosette, qui crèvent le lendemain de l'expiration de garanti) et une brosse à dent électrique.
Compte n°2: des décorations pour le sapin de Noël.
Compte n°3: des chocolats et dosette à café (un tiers du tapis pris par des chocolats, vive les riches !)
Compte n°4: des aliments divers et variés
Compte n°5: du vin, une dizaine de bouteilles.

En général, l'intérêt de faire plusieurs compte se situent dans les différents moyens de paiement, et donc les différents comptes. Dites moi quel est l'intérêt de tout payer avec le même chéquier, et encaissés tous en même temps? Pas de différé, pas de en plusieurs fois sans frais... Probablement mon amour de la CB qui me joue des tours avec le chéquier et ses mystères.

Compte n°1: environ 120€, le chèque correspond à la pièce d'identité, je prends, il passe. Signé approuvé, ok.

Compte n°2: environ 110€. Cher le sapin. Comme le 1, aucun problème. Signé approuvé, ok.

Compte n°3: environ 130€. Cher les chocolats et café! Lecture du chèque, et : "oui sans garanti" de la part de la machine. Kécécé? Je ne sais pas. Allo la cheffe?
Par chance, la suite vous dira pourquoi, ma caisse était une de l'ilot collé à la caisse centrale, donc les cheffes à portée de voix. Oui sans garanti: la cheffe veut téléphoner à la banque.
Cheffe 1: il me faut votre chèque, madame, ainsi qu'un numéro de téléphone et une pièce d'identité.
Cliente: mais on est dimanche, la banque va être fermée, vous n'aurez personne ! [ndlr: bah tiens, tu ne l'avais pas préparée celle là!]
Cheffe 1: si si, ne vous inquiétez pas, il y a un service auquel nous avons accès en tant que commerçant.
A mon tour de donner numéro de téléphone noté, chèque et carte d'identité.

Pendant ce temps, une autre cheffe (2) me dit de fermer ma caisse: tout mon tapis est occupé, et on n'en est qu'au compte 3 sur 5. Les deux clientes ayant déjà posé leurs affaires en bout de tapis me les passent une par une, pendant que ma cheffe est au téléphone. J'encaisse les deux autres clientes puis me retourne vers la cheffe, discutant avec la cliente.
Cheffe 1: Je suis désolée madame, mais je ne peux pas accepter votre chèque.
Cliente: Mais... il y a de quoi faire, sur le compte, je vous jure, mais ma CB a été piratée, je ne l'ai plus, je n'ai plus que le chéquier...
Cheffe 1: Je veux bien vous croire, mais je ne peux pas accepter le chèque. Soit vous laissez les affaires, soit vous avez un autre moyen de paiement, vous, ou un ami... Mais pas votre chèque.
Cliente: Et si je ne prends que quelques chocolats?
Cheffe 1: Ca fera pareil, mais vous pouvez toujours essayer.

Celle qui essaie, au passage, c'est moi, à qui on n'a rien demandé.
La cliente avait rangé ses chocolats et café non encaissés avec ses décorations encaissés et sa machine à café + brosse à dent encaissées. Il faut ressortir tous les chocolats et café, et n'en repasser qu'une partie. Quelle partie? La cliente choisit... doucement. Annulation du ticket précédent avec la cheffe 2, résolution des bons d'achat pour café encaissés, nouveau ticket avec les chocolats et café choisis. Nouvelle tentative sur le chèque: refusé à nouveau. Nouvel abandon du ticket. Nouveau choix de chocolats et café, montant alors inférieur à 100€. Nouvel essai sur le chèque: accepté.
Youhou! C'est la fête, ça veut dire que ça marche à nouveau, let's go pour les autres chocolats et café, puis les ingrédients, puis le vin.

Cheffe 1: Madame, ça ne marche pas. Ce n'est pas une histoire de plafond de montant de chèque, mais de plafond en chèque tout court.
Cliente: Mais si je ne prends pas grand chose?
Cheffe 1: Essayez, mais vous verrez...

Nouvel essai, nouvel échec. Les deux cheffes parviennent à convaincre la cliente de laisser les chocolats et dosettes restants. La cliente veut récupérer les petits bons d'achat "1€ de réduction immédiate" sur les dosettes non encaissés, et les bons d'achats de chocolats donnés en rayon. Elle n'a pas du tout à fait comprendre le fonctionnement de ces bons, et surtout de la signification de "immédiat". Immédiat, ça veut dire de suite, pas la prochaine fois.
Cliente: Mais vous n'allez pas réussir à les recoller ! Ils vont être perdus sinon !
Cheffe 1: Mais si, mais si, ne vous en faites pas ! Regardez, un bout de scotch, et hop ! Ca tient.

La cliente revient à la charge vers moi, pauvre petite non cheffe. Elle veut faire passer ses ingrédients: ses lardons, surtout, ils sont "in-dis-pen-sa-bles" selon elle.
Nouveau compte, nouveaux bons de réduction immédiats, nouveau chèque, nouveau refus. La cheffe 2 vient à la rescousse en essayant de convaincre madame de tout laisser, car ses chèques ne passeront plus. La cheffe 1, toujours depuis la caisse centrale, surveille sans mot dire. Un vigile est de l'autre coté de la galerie marchande à surveiller, la cliente n'a rien remarqué.

La cliente a rangé ses ingrédients non encaissés avec les comptes 1, 2 complètement encaissés, et le compte 3 partiellement encaissé. Aha... quel article fait partie de quel compte?
Cheffe 2: Avez-vous les tickets, que l'on puisse travaille correctement.
Cliente: Heu.. les tickets? Je ne sais pas, elle me les a donnés? Je ne suis pas sure.
Moi: Si madame, je vous les ai donné, j'en suis certaine, et je n'ai rien ici. Vous les avez.
Cliente: Mais non, je ne les ai pas...
Par "hasard", elle finit par les retrouver. Les non encaissés sont sortis du caddies après des "non pas ça! ah si, ce n'est pas payé, vous avez raison..." à répétition. Ne reste plus dans le caddie que les encaissés. La pile des retours monte derrière moi.

Reste le compte 5: le vin.

Pour faire simple, elle a payé deux bouteilles en liquide. Elle a essayé à nouveau de faire une entourloupe sur les tickets, payés et impayés, mais ça n'a pas pris.
Au final, tous les impayés était en retours.

Cheffe 1: Allez, tu me ramènes tout ça en rayon !
Moi : Ca me dégourdira les jambes, au moins !

Le temps de charger tout ça dans un caddie, la cheffe 1 et 2 discutaient: cliente pas claire, filoute, douteuse et cherchant à insinuer le doute et la tromperie chez nous. A son départ, le vigile était parti reprendre ses allées et venues. Comme quoi.


Morale de l'histoire: les cheffes sont là pour penser, et prendre les responsabilités à la place des caissières. Un doute? Allo cheffe? Et c'est elle qui gère. Le client n'est pas content? Qu'il aille voir la cheffe !
Et vous, vous venez faire vos courses un dimanche, payez en liquide ou CB.

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