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Il était une fois, une hôtesse de caisse...
25 avril 2011

Désolée Madame et lundi de Pâques

Voix off, celle que vous voulez, mais genre détachée de la réalité:

Ding dong de cloche.

" Caissière n°59 passe niveau 3".

 

Wahooo, maintenant, je suis capable d'être sadique vis à vis des clients, et d'assumer !

 

J'encaisse la cliente actuelle, qui s'en va avec la politesse usuelle. Je me tourne vers la cliente suivante, devant le caddie poussé par monsieur.

- Bonjour Madame.

Silence radio en réponse, agrémenté d'une tronche signifiant quelque chose comme "petite caissière, je vais te faire savoir qui domine ici." Niarcniarcniarc... je suis niveau 3, à présent, attention !

Le caddie avance, monsieur passe à son tour.

- Bonjour Monsieur.

" T'inquiète, je vais te montrer ce que ma femme sait faire ! "

Le ton est donné, alors en bonne choriste, je m'accorde. Les biscuits apérifits disparaissent sous les caissettes d'1kg de saucisse, les bidons de lessive de 3 ou 4kg sont mis de façon à ce qu'ils doivent tendre les bras pour les attraper (votre dos va bien?), ça tombe bien je dois bien fait 20cm de plus qu'eux: aucune difficulté pour moi contrairement à eux, les articles s'empilent à une cadende qu'ils n'arrivent pas à suivre. Et en même temps, je plaisante avec ma collègue avec qui je suis dos à dos. Mon père m'estime trop vieille pour avoir droit à un maxi Kinder surprise, je suis triste.

Et un pack de volvic 6*1.5L mis complètement au milieu de la zone de réception des articles. J'oublie de préciser qu'ils auraient pu ne passer que la pastille collée sur le dessus, et leur offre un nouveau cadeau pour leur dos.

Les derniers articles arrivent, monsieur et madame s'organisent: madame finit d'emballer, monsieur sort la CB. Avant dernier article, monsieur a déjà la CB prête à être enfoncée dans l'appareil. Le fameux dernier article passe, j'annonce le montant sans attendre de réponse ni rien d'autre (pourquoi serai-je aimable?)

- 198.65€.

Je m'épargne le s'il vous plait.

Timing juste, monsieur enfonce sa CB juste après que j'ai appuyé sur "Carte bleue" de la caisse: les clients n'ont toujours pas compris que c'est nous qui le faisons, et non la machine. Comme quoi, la machine est jugée plus intelligente que nous.

Je me garde bien de leur demander s'ils ont des bons de réduction, valable en ce moment: 10€ par tranche de 80€ d'achat. Si vous avez entre 80.00€ et 159.99€, un seul bon peut être accepté. Entre 160.00€ et 239.99€, deux bons. Donc là, j'aurai pu en prendre deux, à savoir 20€ de réduction immédiate sur le ticket, donc passer leur note à 178.65€: pas négligeable tout de même. Zut, j'ai oublié de demander.

" Demande autorisation... paiement accepté... enregistrement en cours... retirer carte."

Monsieur retire sa carte à la même vitesse qu'il l'avait enfoncée. Le ticket sort, je le ramasse et tourne ma tête vers le couple en le tendant.

Et là, ô jubilation interne, madame me tends un bon de 10€ et une carte de fidélité. En mon for intérieur, je ris.

- Vous ne m'avez pas dit combien j'avais sur ma carte.

- Vous ne m'avez pas donné la carte...

- Donc là, on n'a pas les points.

- Non.

La carte de fidélité, c'est avant le paiement qu'il faut la donner. Je la demande, ainsi que les éventuelles réduction, en fonction de l'amabilité du client. Si je demande tout... c'est bon signe, l'inverse est valable.

- Et le bon de réduction?

- C'est avant le paiement qu'il faut le donner.

- Vous ne l'avez pas demandé non plus.

Petite mine, sourcils soulevés, bouche triste.

- Je suis désolée madame, j'ai oublié.

- Donc là, à cause de vous, on perd 10€ et au moins 10€ de points.

Jouer l'idiote.

- Vous avez des articles de la marque du fournisseur dans votre caddie? Les points sont dessus, pas sur les marques...

Elle zape ma question.

- Vous nous faites perdre 20€ au moins ! Elle est où, votre tête? La première chose qu'on fait quand on a un client devant soi, c'est lui demander sa carte de fidélité, ses bons de réduction !

Ben voui ma cocotte. Si tu es si certaine de toi, pourquoi ne passes-tu pas en caisse? Je pense que tu ne supporterais pas les clients dans ton genre.

- Je suis désolée, c'est une erreur de ma part.

- Qu'est ce qu'on fait, maintenant?

- Il faut tout présenter avant l'encaissement, après ce n'est plus possible.

Faux, mais pour toi ça sera vrai.

- Je rêve ! Arrêtez de planer ! Votre boulot n'est pas compliqué, alors faites le !

Je le fais, ne t'en fais pas. Je continue à m'aplatir devant elle, en lui faisant bien comprendre que c'est foutu pour sa carte et ses bons, elle s'en va quelque peu énervée. Et moi, contente.

Je me tourne vers le client suivant, un homme d'environ 60 ans, qui me regarde en souriant. Le contact va passer là, alors je lâche:

- La première chose qu'on dit quand on a une personne en face, c'est bonjour...

L'homme se met à rire, je pense qu'il a compris.

Je me retourne vers ma collègue, et lui dit:

- Je viens de passer une cliente, pas foutue de me dire bonjour, et elle m'engueule parce que j'oublie de lui demander sa carte de fidélité. Je foutrai bien des baffes des fois !

Ses clients m'entendent, me regardent. Et ne font rien: que voulez-vous qu'ils fassent?

Je me retourne vers mon client, en riant, et continue ma journée.

 

 

 

Une cliente arrive, étant déjà passé à la patisserie. Les clients peuvent y payer leurs gâteaux, donc en caisse ils n'ont qu'à montrer le ticket ainsi que la boite, et c'est bon. Elle me demande si le magasin sera ouvert le lendemain, à savoir le vendredi. Vendredi Saint.

- Pourquoi voudriez-vous qu'il soit fermé?

- Parce que c'est vendredi Saint !

- Aaah.. Mais nous ne sommes ni en Lorraine, ni en Alsace.

J'ai du lui en boucher un coin: comment se fait-il qu'une simple caissière sache ça?

Je continue:

- Vous parlez à des commerçants, donc à des gens qui veulent faire du chiffre. Un jour fermé signifie un chiffre de zéro. Le calcul est vite fait.

La cliente réfléchit.

- Je reçois des invités, et j'achète mes pâtisseries petit à petit, comme ça elles ne sèchent pas... donc j'aime bien en acheter un peu tous les jours !

Premier point d'incompréhension pour moi: elle ne comprends pas que le magasin ne soit pas fermé le vendredi Saint, et elle souhaite pouvoir acheter ses pâtesseries tous les jours.

- Vous êtes ouverts lundi?

- Ah non, c'est lundi de Pâques !

- Et comment je vais faire pour mes pâtisseries?!

Deuxième point d'incompréhension pour moi: après son étonnement quant à l'ouverture du magasin le vendredi Saint, elle s'étonne de le voir fermé le lundi de Pâques. Il faudrait peut-être se décider...

- Les vraies boulangeries-pâtisseries doivent être ouvertes lundi.

- Oui, mais je préfère ici, c'est moins cher.

Vu ma feuille de paie, c'est certain. Ceci dit, j'ai bien envie de lui répondre que lundi de Pâques, c'est férié, donc qu'elle se démerde pour ses pâtisseries au lieu de voir les autres se plier à ses exigences de cliente, mais préfère me taire. J'ai eu ma dose de désillusion pour la journée.

 

Je lisais un livre, l'autre jour: "Tant qu'il y aura des chats...", et me souviens que la narratrice cite son petit fils à un moment, alors qu'il répondait à une question de sa maitresse:

- Qu'est ce que tu aimes le plus au monde?

- Les hommes.

S'il est une chose certaine pour moi, c'est que je suis, sur ce point, quelque peu son opposé.

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