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Il était une fois, une hôtesse de caisse...
12 avril 2011

Ach ich Fuhl's !

Cf. la flûte enchantée pour ceux qui ne connaissent pas. Joyeuse chanson !

 

 

Samedi matin, Le Hugh Jackman de la dernière fois est passé à ma caisse. Même t-shirt que la fois précédente. Avec un gamin. Et avec une voix de ténor.

Comment casser un rêve.

Et pourquoi ma caisse, d'abord? J'aurai eu une bien meilleure vue s'il était passée à celle en face. Et je ne l'aurai pas entendu, au moins.

 

 

Samedi, ou la journée trop-mega-cool de 9h de boulot. Quoi?! Que neuf heures, et elle se plaint ! Non. Lorsque j'ai fait mon stage ouvrier, l'entreprise (à l'étranger... vraiment très au sud, et dans un pays vraiment très pauvre (20€ de salaire moyen pour les classes moyennes)) ouvrait de 7h à 12h30, puis de 13h30 à 17h30 la semaine, et de 7h30 à 12h le samedi. Calcul vite fait : 5 * 9.5 + 4.5 = 52h/sem. Et ça allait. Donc non, je ne me plains pas. Je constate "juste" qu'avec 9h en caisse, on finit en morceau.

A 30kg de moyenne le caddie dans un hyper, avec une estimation personnelle moyenne à 150€ le caddie, et un chiffre d'affaire à ma caisse ce samedi d'environ 14 000€ (somme de tout, à quelques euros près), ça me donne environ 100 client, soit quelques 3 tonnes déplacées.

A mains nues, forcément ! Et avec le sourire, s'il vous plait. Sinon...

Fermeture. Le magasin ferme - théoriquement - à 20h30. 20h25, message de la caisse centrale:

" Mesdames, messieurs, le magasin ferme ses portes dans 20min, merci de terminer vos achats et de vous dirigez vers les caisses, bonsoir."

C'est sur qu'avec ce tempo, on va la faire à l'heure, la fermeture...

20h30, nouveau message.

" Mesdames, messieurs, le magasin ferme ses portes, merci de terminer vos achats ets de vous dirigez vers les caisses de sorties, bonsoir."

J'admire comment les 10min sont passées vite. Le quart d'heure qu'il reste pour la fermeture pour les employés vont être longues, par contre !

20h30, toutes les caissières présentes sont en caisse. Il y a bien trois ou quatre caddies à chaque file. Pourquoi s'acharner à faire ses courses le samedi soir... je ne comprendrai jamais. Dites moi qu'avec les 35h, ils n'ont absolument pas une heure pour les faire à un autre moment de la semaine, je ne vous croirai pas. Bref, le 20h45 pour nous, employés, sera quelque peu utopique.

 

20h40, le nombre de caddies diminuent lentement, très lentement, lorsque soudain...

- Je te le l'enfonce profond, ton respect !

- C'est ça, oui, en attendant revenez.

- Va te faire foutre !

- Mais oui, ...

Et j'avoue avoir oublié la suite, parce que 9h de caisse n'aident pas. En tout cas, le client était salement énervé et le chef de la sécurité (mon sauveur lors du micro-onde) le suivait quelques pas en arrière, se faisant grâcieusement insulter.

Tout le monde s'est tu. La brouhaha présent depuis le matin a disparu, et absolument tout le monde présent a alors pu entendre le flot d'injure à l'encontre du chef de la sécurité. Le volume a un peu diminué, puis le client est repassé (toujours dans la calerie) avec un baton - je dis baton à défaut de savoir ce que c'était - et surtout menaçant de s'en servir comme batte. Une arrière caisse passe, et je l'entends dire:

- C'est bon là, appelez-les !

"Les", c'était les gendarmes. Qui sont arrivés assez vite. Je les soupçonne d'être là à chaque fermeture. Le client s'est calmé, les derniers clients ont payé (j'ai eu l'avant dernier client... (qui vient acheter des tables et des chaises pour son jardin à 20h30 un samedi?) quelle chance ! Et aucune collègue pour m'aider.) La caisse centrale m'appelle.

- Tu as encore du liquide?

- Oui.

- Ne ferme pas alors.

20h55. Comment leur dire ce que je pense? Je doute que "allez vous faire voir" soit bien pris. Je marmonne donc dans ma barbe, en fermant et plie bagage. C'est lorsque tout est plié qu'on me rappelle:

- Tu peux fermer.

Heureuse de le savoir.

Je pars avec mon tiroir sous le bras, et laisse tout en branle: cintre, anti-vol et bazar. Je ne nettoie pas non plus, car je pense que celles ayant fermé vers 20h40 auraient pu avoir une once de solidarité, et aider celles n'ayant pu fermer avant 20h55. Mais non. Donc je laisse tout, rends ma caisse et m'en vais sans chercher d'avantage.

 

 

Lundi matin.

Je n'ai pas mon stylo. Catastrophe. Je retourne alors, à ma pause, à la caisse où j'étais samedi, et demande à la collègue s'y trouvant si elle ne l'a pas trouvé.

- Celui la?

- Oui !

- Tu étais là, samedi?

Et moi, bonne poire:

- Oui, j'ai fait la fermeture. Je suis partie à l'arrach', c'est pour ça que j'ai oublié mon stylo.

- Tu n'as pas oublié que ça, tu n'as rien rangé ni rien nettoyé.

Je bloque une fraction de seconde, et lâche un désinvolte "Ben ouai" avant de tourner les talons et m'en vais.

Je tourne en boucle dans ma tête, comme à ma fichue habitude, ce qu'elle m'a dit, et ce que j'aurai pu/du répondre.

- Ben ouai, j'ai fermé ma caisse à presque 21h alors que d'autres s'était déjà barrées parce que l'heure était passée. Alors non, je n'ai rien fait parce que ça me gonflait de servir à nouveau de boniche.

Ou

- Lorsqu'il y aura une véritable solidarité, je me pencherai sur ta remarque et en tiendrai compte, promis !

Ou d'autres trucs encore, bien gentils.

 

Au final, je n'ai rien dit. Parce qu'au fond, ce qu'elle pense de moi (tire au flanc de son point de vue), je m'en fiche quelque peu. Vu la solidarité active entre collègue... J'ai hésité à retourner la voir en descendant de pause, puis je me suis dit que ça ne servirait à rien.

J'ai appris lors de cette pause que le client s'étant énervé samedi soir était sorti de garde à vue ce matin même. Avec quelques explications en plus.

 

Lors des fermetures, les caisses ferment les unes après les autres pour que ça ne soit pas la file d'attente à l'arrière du magasin pour rendre l'argent. Les premières (ou plus si nécessaire) ayant rendu leur liquide ouvrent parfois une caisse en chèque et carte bleu. Aucun paiement en espèce, autrement dit. Le client en question avait fait la queue à une caisse de ce type, et voulait payer en liquide. Lorsque la caissière lui avait expliqué que ce n'était pas possible, il s'était énervé. Au sens primitif du terme. Il avait renversé le caddie de la cliente suivante, avait insulté à faire pleurer l'hôtesse de caisse, et avait rejoint le point où j'avais pris l'histoire en cour le samedi.

J'ai appris que après notre départ, il s'était apparament baggaré avec le gendarmes et/ou la sécurité... d'où la garde à vue.

 

 

 

Sinon, j'ai fait des heures en plus, volontairement, pour rallonger la sauce en fin de mois. Mise en rayon. Pas très efficace car franchement pas douée à aligner les boites sans tout faire tomber (je ne participerai pas à Domino day's, désolée), je me fais "titiller" par la cheffe de rayon:

- Il faut que tu sois plus active !

Vouai. Ben navrée de ne pas être une adepte des levés à 5h du matin et d'être dans le pâté... et d'avoir deux mains gauches. Et puis, elle m'avait demandé un "facing" (aligenement des produits pour les incultes) impeccable, ce que je mettais un point d'honneur à faire. Auto-exigeance, quand tu m'emmerdes...

Je decide donc, suite à sa remarque, d'accélérer.

Elle passe après moi vérifier le travail, et trouve à redire. J'avais envie de lui dire qu'entre vitesse et qualité, elle devrait choisir, ou prendre quelqu'un d'habitué au boulot (pour ne pas dire qualifié...). Et de réveillé, surtout. Mais docile, je me tais et hoche de la tête "Voui voui".

Quelques minutes plus tard, je tourne la tête vers la cheffe de rayon. Et piapia, et piapia, et piapia... Et oui, mais tu sais, mon fils, il s'est inscrit ... et piapia, et piapia... Mais oui, mais bon, et tu connais la dernière? Il a passé un exam, et ... et piapia, et piapia...

Et moi, j'aligne les boites, à quatre pattes dans le rayon.

Nan, mais il y a sa copine, tu sais ce qu'elle fait? Je vais te dire, je trouve ça hallucinant !  Et piapia, et piapia...

 

Et je repense à des trucs que j'ai lu dans des livres d'histoire. Un bon chef est celui qui montre l'exemple.

 

Je gagne quand à l'euromillion...?

 

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Commentaires
T
je vous comprend parfaitement je travaille dans un supermarché (depuis 22ans!!!!) on est payé une misére tout ca pour subir les ordres et les remarques de la direction et souvent la colere, les menaces, les insultes de certains clients et aussi les horaires pas tres folichons !! mais bon comme disent 80% des clients ne vous plaignez pas ,vous avez du travail !! je penserais plutot de l'esclavagisme moderne mais bon chacun son point de vue!<br /> je vous souhaite bonne chance pour l'euromillion !!
Il était une fois, une hôtesse de caisse...
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